Les douces et longues soirées estivales se prêtent particulièrement à l’observation du castor. Ce sympathique rongeur qui fait son retour dans nos cours d’eaux depuis quelques années n’apprécie que peu la lumière du jour. Comme beaucoup d’autres espèces, il a été contraint de se réfugier dans le monde de la nuit pour se dérober au regards (et aux fusils) des hommes.
Assis sur la berge d’un cours d’eau de la région, je patiente en scrutant la rive opposée. La famille de castors qui vit ici à ses habitudes et quitte souvent le terrier quelques minutes avant la disparition du soleil pour remonter la rivière. Une bergeronnette grise me tient compagnie en sautillant gaiement sur un petit îlot éphémère. Les eaux restent désespérément imperturbables. Un martin-pêcheur interrompt brièvement le silence du soir. Comme toujours, il annonce son arrivée avec un sifflement caractéristique mais se posera discrètement sur une branche à l’abri des regards. La « flèche bleue » ne se laissera pas photographier ce soir.
Peu avant 21 heure, un magnifique castor fait son apparition et remonte le courant d’un air décidé. Il longue la berge sans un bruit et rejoint la rive pour s’offrir un brin de toilette. Après de longues minutes de grattouilles, il nage encore quelques mètres pour s’attaquer à une branche bardée de feuilles. Le repas est copieux et durera jusqu’à la tombée de la nuit. Une fois la lumière passée, je replie mon trépied sans un bruit et prend congé des habitants de la rivière.
Val-de-Travers, le 16 septembre 2018
Rejoindre la rivière du Castor
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