Après plusieurs semaines de fébrilité automnale, la forêt retrouve peu à peu son calme et sa sérénité. Plus de coups de feux, plus d’aboiement frénétiques: les nemrods ont rejoint leurs pénates et les habitants des bois peuvent enfin se préparer à affronter les morsures de l’hiver sans craindre d’être fauchés par une gerbe de plomb.
Mais avant de plonger dans la saison froide, une agitation particulière anime certaines espèces, à l’instar du chamois. Le mois de novembre coïncide avec la période des amours, également appelée « le rut ». L’hiver ne faisant pas de cadeaux aux plus faibles, certaines espèces pratiquent la gestation différée pour permettre à la descendance de voir le jour même si les mâles ne devaient pas voir le printemps.
Le rut dure quelques semaines et permet aux mâles les plus vaillant de s’affronter dans des faces à faces suivi de poursuites folles ou le vainqueur marque sa domination sur le vaincu. Le plus fort pourra saillir les femelles du troupeau et assurer sa descendance.
Après la fécondation, l’embryon suspend rapidement son développement pour ne le reprendre qu’au printemps. Les cabris verront le jour au mois de mai, quand l’herbe est grasse et abondante.
C’est en espérant observer les prémices du rut que Johann et moi sommes allé sur le territoire d’une troupe de chamois des environs du Val-de-Travers dimanche dernier. Malgré le ciel gris et une fine pluie qui rafraîchissait l’ambiance, le plaisir de se retrouver sur le terrain était intact.
Après deux heures passées sans observer le moindre mouvement, un chamois est sorti en lisière de forêt. Le vent tourbillonnant ne lui permettant pas de sentir un éventuel danger, le chamois était aux aguets. S’il n’est resté que quelques minutes à portée d’objectif, nous avons pu observer sa crinière dorsale hérissée signant un début de montée hormonale. Si le rut n’a pas encore débuté, les acteurs semblent être dans les parages, ce qui est de bonne augure pour nos prochaines sortie.
Val-de-Travers, le 16 novembre 2014
2 Comments
Le 5.11.2018, je remontais de la ferme du Pélard (Valanvron, la roche Guillaume) en direction du Bichon par des chemins de bucherons, non-indiqués par la signalisation pédestre. A environ 1km avant la sortie de la forêt, j’ai vu une quinzaine de chamois dévaler la pente en direction de la grotte du Bichon. Spectacle magnifique. Auparavant, j’avais vu, un peu plus bas, un gros mâle seul, probablement dominant. Je ne savais pas
que des chamois peuplaient aussi les côtes du Doubs. Si vous le souhaitez, je vous envoie le topo exact de cette belle rencontre. Je suis à peu près sûr que c’était des chamois, culs blancs et forme des cornes. Cordialement, Denis
Bonjour,
Merci pour votre message et le récit de cette belle observation naturaliste. L’agitation que vous décrivez est probablement due au Rut du chamois qui se tient généralement en novembre. Les chamois peuvent être extrêmement actifs et s’adonner à de folles courses-poursuites dans les rochers durant cette période. Les mâles en rut son reconnaissables à leur « crinière » hérissée.
Je suis avec plaisir preneur du détail de cette belle rencontre pour une éventuelle sortie photographique ultérieure.
Cordialement,
F.Spigariol