« L’un des plus fabuleux joyaux de la nature est bien gardé, inaccessible dans l’abîme tourmenté par les vents et le froid mordant, là-haut dans l’austérité de l’univers minéral de la montagne. Ce n’est bien souvent qu’aux yeux les plus patients que l’ermite varappeur au long bec arqué révèlera sa présence en déployant ses ailes incandescentes de phénix, se transformant en papillon géant virevoltant devant la paroi. »
Certains disent que les forêts du Val-de-Travers sont enchantées et peuplées de fées. Les rares qui en ont vu étaient sans doutes un peu éméchés après avoir bu trop de rasades anisées à l’une des fontaines froides clairsemées dans la vallée. Pour ma part, j’ai eu le plaisir de croiser le chemin d’un petit lutin, perché sur une branche basse d’un sapin voisin. Arrivé sans fifres ni tambours, il s’est posté là comme s’il voulait me souhaiter le bonjour.
Le chevreuil est un grand romantique qui apprécie les longues soirées d’été pour déclarer sa flemme à sa bien aimée. Avec Johann Boffetti, nous nous rendons chaque année sur leurs terres afin d’observer la cour du brocard à la chevrette. Installés en bordure d’un pâturage boisé, nous patientons (presque) en silence et espérons avoir choisi le bon endroit. Des pas légers sur le tapis forestier nous laissent espérer la venue d’un petit cervidé. Nous croisons les doigts pour que vent ne trahisse pas notre présence. Une fois le soleil éclipsé derrière un nuage, deux jeunes chevrillards décident de sortir du couvert forestier pour cueillir quelques herbes face à nous. Nous réalisons quelques images avant de nous immobiliser: les pas venus du bois se rapprochent de plus en plus. C’est finalement une magnifique chevrette qui fera gracieusement son apparition dans la pâture à quelques encablures de nos objectifs. Nous échangeons un regard heureux puis replongeons dans nos viseurs afin de ne rien manquer du spectacle.
Bien moins tragique que la comédie écrite par William Shakespeare en 1594, ces songes d’une nuit d’été revisités racontent en cinq actes la démarche naturaliste aboutissant à une belle rencontre estivale le lièvre brun sur les hauteurs du Val-de-Travers.
Le journal est le fil d'actualité du site où sont présentés en alternance des carnets de terrain ou simplement une image de la semaine.
Les carnets de terrain sont quelques reflets des rencontres réalisées au contact de la faune lors de mes sorties naturalistes. Si les images parlent souvent d’elles-mêmes, quelques mots détaillants les circonstances d’une prise de vue ou une émotion ressentie au contact d’un habitant des bois sont parfois les bienvenus. Mots et images s’allient alors pour former un carnet de terrain qui apparait au gré des rencontres.
Une image de la semaine est publiée de temps à autre quand l'inspiration (ou le temps) manque pour rédiger un carnet de terrain.
Si vous souhaitez prolonger l’échange, j’accueille avec plaisir vos commentaires au bas de chaque carnet, ainsi que vos courriels auxquels je répondrai dans les meilleurs délais. Merci de votre visite sur Spiga.ch.
Regards croisés sur les animaux de l'arc jurassien, c'est plus de 200 images réalisées au cours des 10 dernières années par Johann Boffetti et Fabian Spigariol.
Le livre est disponible dans toutes les bonnes librairies.
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