Après quelques semaines d’hésitations, Dame Nature a tout de même fini recouvrir les hauteurs du canton de Neuchâtel d’une fine pellicule de neige qui nous place désormais au coeur de l’hiver. Figé par un froid glacial, le Val-de-Travers a même vu l’Areuse geler en certains endroits, ce qui n’était plus arrivée depuis plus de 30 ans de mémoire d’homme. Dans ces conditions extrêmes, la faune sauvage est fragilisée et tout dérangement doit être proscrit pour éviter aux habitants des bois de dépenser de précieuses calories dans une fuite inutile qui peut être fatale. Pour espérer réaliser quelques images, il faut donc privilégier un affût discret à une approche maladroite.
C’est donc au petit matin que je me suis installé en bordure d’un pâturage boisé des hauteurs du Val-de-Travers où un troupeau de chamois a ses habitudes en hiver. Avec – 15 degrés au thermomètre, je patiente dans le froid en sirotant un thé bouillant tout en espérant que l’attente ne sera pas vaine. Les chamois finissent par arriver en fin de matinée. Si le gros de la troupe a choisi de brouter en contrebas de l’affût, deux beaux mâles et une femelle s’approchent pour profiter des rayons du soleil, à portée d’objectif. La rencontre dure une petite trentaine de minutes durant lesquelles je n’ose bouger que l’index droit pour réaliser quelques images. Les chamois grattent fébrilement la fine couche de neige gelée pour faire apparaître quelques herbes puis rejoignent leurs congénères qui se trouvent hors de portée. Transis de froid, je profite du départ des chamois pour m’éclipser discrètement, heureux d’avoir partagé ce moment de vie sauvage sans perturber l’harmonie de la forêt.
Val-de-Travers, le 29 janvier 2017
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